Bilan et témoignages

La joie. Une joie profonde transparaît dans nos échanges de ce matin: celle d’avoir osé « se lancer », joie d’être parvenus au terme de cette semaine un peu spéciale, joie surtout de l’expérience spirituelle que ce jeûne a permis. Les Eucharisties, les prières personnelles et communautaires en ont été renouvelées.

La proposition a trouvé un écho bienveillant dans la paroisse. Et pour qu’elle soit plus large, nous prévoyons pour le prochain carême, d’offrir deux possibilités : un jeûne intégral et un jeûne classique (un repas maigre par jour avec une collation) et d’ouvrir les rencontres avec enseignements à tous.

Le jeûne, en nous faisant découvrir nos limites et nos pauvretés, fait grandir aussi la simplicité et la fraternité ; nous les avons vécu d’une manière particulièrement forte cette semaine.

Le mot de la fin sera MERCI ! Merci au Seigneur de nous avoir entraîné sur ces chemins, merci au Père Mickaël de s’être lancé dans cette aventure et de nous avoir accompagné et enseigné, merci aux paroissiens qui ont pris de nos nouvelles et nous ont porté dans la prière, merci aux jeûneurs d’avoir offert ce jeûne pour la paroisse et l’Église.

Des témoignages

H., notre dernier jeûneur, termine son jeûne ce dimanche 24: voilà une belle expérience paroissiale qui, non pas se termine, mais vit sa première étape! Avec pour tous, le désir de renouveler et d'étendre cette grâce qui nous a apporté beaucoup!

Témoignage de Valérie

Quand MA a annoncé l ‘idée de jeûner en paroisse, j ‘étais enthousiasmée. Depuis longtemps j‘enviais quelques amis qui s’étaient lancés mais je n ‘avais pas les épaules assez larges pour me lancer seule.

L‘enthousiasme m ‘a habité jusqu’à une semaine avant le mercredi des cendres. Puis, je me suis mise à douter:est ce que j ‘en suis capable? n ‘est pas un trop gros effort pour moi? est ce que Dieu demande cela? est ce que je ne suis pas une petite chrétienne comme tout le monde avec simplement un jeûne le mercredi des cendres et le vendredi saint? n ‘est ce pas suffisant? un combat spirituel a commencé pendant toute cette semaine là.

le vendredi , en faisant les courses, je n ‘ai acheté aucune viande, aucun laitage seulement des légumes et des céréales; je n ‘étais toujours pas tout à fait prête mais j ‘avais quand même tout fait pour me lancer….

le mercredi des cendres, j ‘ai préparé , pour toute la famille une bonne poelée de lentilles corail à la tomate et au curry. c ‘était très bon. je commençais la préparation. Le doute était encore là; je me préparais au cas .

Mon combat spirituel avançait et reculait , en fonction des jours.

D ‘habitude, ma maman vient déjeuner le dimanche à la maison. Le vendredi soir, elle m ‘appele en disant qu’elle ne viendrait pas. car elle recevait exceptionnellement des amis. je pouvais commencer dimanche comme prévu. ce dimanche, j ‘ai préparé des légumes cuits à l ‘eau. repas frugal pour toute la famille. le soir le joli bouillon. j’avais faim….et, les enfants et moi même nous sommes dit, on essaie un jour et j ‘ai dit, si ça va , je continue, sinon je remange.

le lundi s’est passé merveilleusement bien. juste un léger mal de tête comme il m ‘en arrive parfois;

du coup le lundi midi, j ‘ai eu du temps pour lire la parole de Dieu. celle qu’il me donnait ce jour là. puis j ‘ai écouté , en boucle, Glorious. Je travaillais avec Dieu. ( ça ne m ‘était jamais arrivé). Et j ‘ai prié pour tout ceux et celles qui s ‘étaient lancé dans l ‘aventure du jeune.

le soir je suis allée à la réunion de partage, nous étions peu. Il y en a qui en étaient dèjà au 4e jour. Ils étaient sereins et heureux. Alors , seulement à ce moment là, j ‘ai pris la décision d’aller jusqu’au bout du jeûne. Nous avons prié ensemble. j ‘ai eu l ‘impression d’être portée par les autres jeûneurs.

Le mardi ça a été un peu plus dur. j e devais réfléchir pour le travail .le cerveau ne suivait pas. Je n ‘arrivais pas à me concentrer. Alors j ‘ai prié; j ‘ai prié pour tous ceux qui jeunaient, pour qu’ils aient la force de continuer, j ‘ai eu du temps pour la parole du jour; je prenais conscience de ma dualité d’Homme: un homme à la fois de chair et d’esprit.

A partir du mercredi , l Homme d’Esprit à pris le dessus sur l ‘homme de chair. Ce n ‘est plus ma chair qui me gouvernait mais mon esprit. Je pouvais prier librement , le matin, le midi , le soir, à la maison, à la chapelle, à mon poste de travail. C ‘est l ‘Esprit qui me fait vivre , pas la chair. j ‘avais l ‘impression d ‘être « portée », portée par les jeûneurs, portée par Dieu lui même.

Et, ma semaine a continué ainsi, en prenant de plus en plus conscience de la présence de Dieu à mes côtés.

J ‘étais même prête à aller plus loin, plus longtemps.

j ‘ai rompu le jeûne , en mangeant une pomme. cette pomme était belle, rouge. Elle m ‘a fait penser à Blanche neige et à Eve.

je l ‘ai regardée puis épluchée. je pensais que ça durerait 5 minutes; NON; Après le premier quartier, j ‘étais repue. Je l ‘ai donc mangée en 4 fois. il m ‘a fallu 1 heure….cette saveur de pomme était un cadeau qu’on m ‘envoyait du ciel. J ‘ai prié pour tous ceux qui ont faim dans le monde et qui ne peuvent pas croquer dans un quartier de pomme.

Les jours suivants, chaque aliment rentrant dans ma bouche avait une saveur exquise. Une carotte cuite à l ‘eau était un met de roi……

mon jeune m ‘a permis de prendre une réelle conscience de la dualité de l ‘Homme: un homme à la fois de chair et d’esprit.

il m ‘a aussi fait comprendre que la nourriture était un don du ciel, qu’on ne devait pas la gaspiller, qu’on ne devait pas non plus manger n ‘importe quoi.

Le fait de jeûner dégage du temps ( faire la cuisine et manger, c ‘est incroyable ce que ça prend de temps) Ce temps retrouvé m ‘a permis de le consacrer pour moitié à mes enfants et pour l ‘autre moitié à Dieu en priant et en lisant la parole du jour.

Valérie

M : Je suis content, content de cette première expérience. Les oraisons de carême, de nombreuses prières, prennent une autre profondeur grâce à ce jeûne, beaucoup plus qu’avec d’autres privations qui ne touchent pas au corps. Par exemple : « Tu nous as dit comment guérir du péché par le jeûne, la prière et le partage, Que le renoncement imposé à notre corps porte en chacun de nous des fruits spirituels » etc. Se nourrir uniquement de l’Eucharistie pendant une semaine a renouvelé ma relation au Christ qui s’est fait nourriture pour nous. J’ai aussi été touché par la sollicitude et les échanges que j’ai pu avoir avec un ami musulman à propos de nos façons de jeûner. J’ai apprécié le climat de simplicité et de fraternité qui s’est instauré dans le petit groupe et vos témoignages de foi. Et je vous dis MERCI.

Vé : J'ai rompu le jeûne hier matin, oui ce fruit avait des saveurs dont je ne me souvenais pas! Pour le midi, j'avais prévu 2 pommes moyennes, je n'ai pu en manger qu'une, et là aussi, quelles saveurs! Le soir je n'ai mangé qu'une pomme aussi.

J'ai reçu la grâce de commencer et tenir ce jeûne et j'en suis toute émue! Merci!

Mes désagréments m'ont fait accepter avec humilité mes faiblesses, et comprendre mon entêtement, prétention à ne pas respecter le conseil : pas d'activité violente! ne pas ranger du bois pendant le jeûne! J’ai appris à accepter mes agacements plus sereinement et à prier pour les autres. C’est une belle expérience !

Ma : La différence avec les années passées, c’est le passage d’un jeûne « dans le secret de ma chambre » à un jeûne « public ». j’ai dû parler de nos expériences et donner des conseils… alors je n’ai pas été exempte de quelques bouffées de vaine gloire. Le Christ sait ce qu’il fait en nous demandant de cacher nos jeûnes ! En même temps, j’étais saisie par la présence importante de jeûnes communautaires dans l’AT et dans la vie des premières communautés chrétiennes. Ce type de jeûne est donc légitime et dans la crise que vit l’Église, il m’est apparu urgent de le faire connaître. J’ai ressenti une communion profonde avec les autres jeûneurs et beaucoup de joie à les porter un peu «maternellement» dans la prière mais aussi dans tous les aspects pratiques. Je suis heureuse de voir que nous serons désormais une équipe à animer cette proposition. Et je suis vraiment dans l'action de grâce.