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  • Photo du rédacteurMarie-Ange

Les 9 raisons du jeûne

Dernière mise à jour : 21 juin 2023


1. La grande affaire de la conversion

Au début du Carême, la liturgie de l'Église nous interpelle clairement : «Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle» (cf. Matthieu 4, 17).Si la conversion est d'abord l'œuvre de l'Esprit Saint, elle nécessite cependant notre collaboration.

Trois moyens sont traditionnellement reconnus pour nous permettre de collaborer à ce miracle de la conversion de notre cœur : la prière, l'aumône et le jeûne (cf. Tobie 12, 6 et Mt 6, 1-18).

2. Un retour vers Dieu

Le jeûne laisse surgir une faim profonde de l’homme :la faim de tout. Le jeûne permet de retourner vers Dieu notre désir profond afin de l’aimer et d'aimer la Création en lui. « Bienheureux ceux qui ont faim et soif de justice, ils seront rassasiés » : béatitude de celles et de ceux qui ont le désir ardent d'être ajustés au diapason du Cœur de Dieu pour goûter la joie de sa présence.

3. Se mettre au diapason de Dieu, pour une liberté

C'est le Christ qui demande d'avoir en nous les mêmes sentiments qui étaient en lui (cf. Philippiens 2, 5-11). Cet ajustement progressif est conquête d'une authentique liberté devant les servitudes de l'esprit du monde, de l'égoïsme et de l'amour possessif. L'harmonie doit se réaliser aux différents niveaux relationnels de notre existence.

Ainsi, nous ajustons notre relation à Dieu par la prière ; notre relation aux autres, par l'aumône matérielle mais aussi spirituelle : instruire les ignorants, conseiller ceux qui hésitent, consoler les affligés, reprendre les pécheurs, pardonner à l'offenseur, supporter les gens pénibles, sourire à tous, prier pour tous ; notre relation à nous-même et aux biens matériels, par le jeûne.

4. Le jeûne pour une meilleure maîtrise de soi, démarche d’humilité

Le jeûne est au service de l'acquisition de la vertu de tempérance. La tempérance assure la maîtrise de la volonté sur les instincts et affranchit ainsi les autres désirs et plaisirs futiles, tels que le bien matériel, le désir de posséder. Mais il est important que le jeûne s'accompagne d'actes d'humilité, de délicatesse et de charité et d’une démarche spirituelle.

5. Le jeûne pour le partage

La liturgie du mercredi des Cendres précise clairement la finalité du jeûne que nous sommes invités à vivre : « N'est-ce pas plutôt ceci, le jeûne que je préfère : défaire les chaînes injustes, délier les liens du joug ; renvoyer libres les opprimés, et briser tous les jougs ? N'est-ce pas partager ton pain avec l'affamé, héberger chez toi les pauvres sans abri, si tu vois un homme nu, le vêtir, ne pas te dérober devant celui qui est ta propre chair ? » (Isaïe 58, 6-9).

Le jeûne est donc inséparable de la solidarité avec les plus pauvres. C'est une manière d'entrer dans une compassion plus réelle, une communion avec notre corps, avec ces 830 millions de frères et sœurs en humanité qui souffrent de malnutrition, mais aussi avec tant d'autres qui meurent de ne pas être aimés. C'est s'approprier le programme de Jésus : « un cœur qui voit » la misère et qui se « presse » à l'action (cf. Benoît XVI, Deus caritas est, § 31b).

6. Jeûner pour apprécier la vie

Thérèse d'Avila était avec Jean de la Croix dans une de leurs maisons et voilà qu'ils reçoivent du magnifique raisin ! Jean de la Croix s'exclame : « Ah ! quand on pense à la justice divine, on n'en mangerait jamais ! » et Thérèse d'Avila, saisissant avec détermination une grappe répondit : « Et quand on songe à sa miséricorde, on en mangerait toujours ! »

Le jeûne n'est pas mépris des biens de ce monde. Le jeûne n'est pas l'alibi servant à dissimuler une difficulté relationnelle à la nourriture, comme l'anorexie par exemple. « Soit donc que vous mangiez, soit que vous buviez, et quoi que vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu », nous rappelle saint Paul (1 Corinthiens 10, 31).

Ce qui importe en définitive, ce n'est pas le jeûne ou la nourriture, mais « l'amour-agapè ». Toute l'ascèse est en effet aimantée par l'amour. Le jeune nous remet à notre juste place.

7. Le combat spirituel

Cela dit, « le chrétien doit mener une lutte comme celle que le Christ a menée dans le désert de Judée, puis à Gethsémani, lorsqu'il repoussa la tentation extrême en acceptant jusqu'au bout la volonté du Père. Il s'agit d'une lutte spirituelle, qui est dirigée contre le péché, et, en ultime analyse, contre Satan. C'est une lutte, au cours de laquelle sont utilisées les « armes » de la prière, du jeûne et de la pénitence et qui exige une vigilance attentive et constante » (cf. le message pour le Carême de Benoît XVI, FC n° 1467). Le jeûne vécu sérieusement et accompagné permet de se purifier de certains péchés, en tout cas de grandir de plus en plus libéré.

8. Un acte révolutionnaire

Jean-Paul II insistait beaucoup, pour sa part, sur la nécessité du jeûne dans notre société de consommation. Restreindre sa consommation est un véritable acte révolutionnaire. C'est proclamer le primat de l'être sur l'avoir ; professer que le bonheur n'est pas question de quantité, mais de qualité.

9. La nuit où jaillit la lumière

Si l'Église continue à insister sur l'importance du jeûne dans notre parcours du "combattant" de l'amour, elle n'oublie pas la gratuité de la grâce. Au terme du Carême, dans la nuit pascale, tout éclate devant la surabondance de la miséricorde, face à la déferlante de la charité : « Vous qui avez jeûné et vous qui avez été négligents, honorez ce jour. Vous qui avez gardé l'abstinence et vous qui n'avez pas jeûné, réjouissez-vous aujourd'hui ! Recevez la récompense, les premiers comme les seconds ; riches et pauvres, célébrez la fête ensemble ! Le veau gras est servi. Que personne ne s'en aille affamé. Que tous prennent part au banquet de la foi ; recevez toutes les richesses de la miséricorde » (saint Jean Chrysostome).

Dans cette citation de saint Jean Chrysostome il est intéressant de constater qu’il y a une certaine communion entre tous, que ceux qui jeûnent le font pour ceux qui ne jeûnent pas. Il y a une certaine démarche pénitentielle pas seulement pour soi, mais aussi pour les autres.

Même si nous faisons des efforts et que nous désirons ardemment collaborer à notre conversion, nous ne mettons pas notre foi dans nos pratiques. Nous la mettons dans le Christ qui nous a aimés et s'est livré pour nous.


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